EMILIE SIMON // The Big Machine

Publié le par Lex

Je l'ai enfin reçu et j'en suis tout émoustillé ! Le nouvel album d'Émilie Simon, The Big Machine, est arrivé tout frais dans ma boite aux lettres il y a quelques jours. Et si j'ai mis un peu de temps avant d'écrire cette chronique, c'est bien parce que j'ai été émerveillé par ce disque aux allures féériques, c'est bien aussi parce que je n'ai pas pu détacher mes oreilles de ses morceaux que j'écoute en boucle un peu partout. Le temps d'une pause dans la réalité, j'en profite pour écrire et décrire l'univers enchanteur que nous propose l'artiste française exilée à New York depuis l'an dernier. Une artiste que j'admire énormément. Et une chose est sûre en tout cas, The Big Machine est fort bien huilée.

 

Je passerai dès le départ sur mon ardente attirance pour Émilie Simon, une jeune femme que je trouve étonnamment séduisante, rencontrée l'an dernier à New York. D'abord lors de la fête de la musique où la belle vêtue de rouge donnait un concert privé à l'Ambassade de France, durant lequel je n'ai pu détourner les yeux, comme transporté par sa présence délicieuse et sa musique délicate. Puis lors d'un interview de plus d'une heure autour d'un café sous le soleil de West Village à Manhattan, où la timidité du jeune journaliste que j'étais alors essayait de se taire avec violence. Il faut dire que j'avais forcé le destin pour approcher cette idole passionnée, pour lui parler, pour la voir et l'aimer secrètement au cours de quelques instants volés. D'ailleurs, je profiterai de ce paragraphe pour remercier Émilie pour l'entrevue la plus formatrice de ma jeune carrière. En effet, excité d'en apprendre plus sur son nouvel opus en préparation, j'ai vite été refroidi lorsqu'à toutes mes questions, l'artiste électro répondait qu'elle ne pouvait justement pas encore répondre. Un interview donc totalement réinventé au fur et à mesure des questions éludées, un exercice pas si facile pour moi et exécuté avec plus ou moins de succès.


Lire l'interview :
http://www.france-amerique.com/articles/2008/07/17/l-energie-experimentale-d-emilie-simon.html




J'en viens naturellement donc à écrire sur mon admiration presque sans limite pour son talent si particulier, voire unique, qui m'emporte dans des mondes imaginaires fabuleux dont Émilie seule à la clef. Et j'aimerais tant fermer la porte et perdre cette clef... "When she goes to Dreamland, nothing bad can happen", telles sont les paroles du refrain du premier single extrait de The Big Machine, à savoir Dreamland, qui semblent s'adresser à moi de façon détournée. Lorsque j'ai entendu ce titre pour la première fois il y a plusieurs semaines, j'en ai été tout chamboulé, car l'univers et les sensations qui se dégageaient de sa mélodie et de ses arrangements étaient si étranges que j'en ai eu des frissons le long de l'échine. Ma curiosité m'a poussé à aller découvrir le clip sans tarder et c'est à cet instant que je fus définitivement conquis par le morceau. J'ai tout de suite su que j'aimerais sans réserve le reste de l'album lorsque je l'écouterai. Outre le fait de revoir la douce Émilie en images, plus resplendissante que jamais, le clip est une réussite aux frontières de l'étonnant, du bizarre, de l'anormal et de l'inexplicable. Une jeune femme qui se perd dans un appartement insolite, songe musical où un homme aux doigts tentaculaires l'attend pour diner, où un ventilateur fait tourbillonner tous les objets d'une même pièce, où des escaliers se mouvent et l'empêchent d'avancer, un appartement dont les murs se rapprochent pour l'aspirer et dans lesquels elle disparaît.


Le temps est venu d'écouter entièrement The Big Machine. Un soir, il est tard, j'allume mon poste, je sors le disque de son précieux coffret et l'insère fébrilement. J'ai peur et je suis excité à la fois, j'appuie machinalement sur le bouton play. Welcome to Dreamland. Dès les premières notes, je prends comme une gifle détonante sur la joue. Rainbow est lancé, une approche outrageusement mélodique aux allures de show américain, le rythme est entrainant et moi, allongé sur le dos par terre dans ma chambre, je regarde les étoiles collées au plafond et je souris. La voix d'Émilie est incroyable, plus en avant, faisant la part belle à des envolées lyriques à la Kate Bush. Le pont musical me saisit et me fait vibrer. Le ton est donné ! S'enchaîne Dreamland, les images du clip me reviennent et d'autres s'immiscent pour s'imposer elles aussi, je ferme les yeux et je me perds définitivement. Plus je l'écoute et plus la Chine s'impose à mon esprit, je ne sais pas pourquoi. Il paraît qu'Émilie a utilisé des instruments traditionnels chinois, c'est peut-être pour cela. Kate Bush refait une apparition avec le titre Nothing To Do With You sur lequel le timbre de voix de la reine de l'électro est acidulé, comme un bonbon qui donne des picotements au cerveau, et la structure musicale est complexe, tirée d'un appareillage électronique que je ne connais pas. Chinatown est l'un de mes morceaux favoris, aux synthés complètement désarticulés, qui me rappelle mon séjour à New York : "First day in the city, nobody's waiting for me, i'm all alone". Un sentiment que je partage sans doute avec toutes les personnes ayant vécues de l'autre côté de l'Atlantique. Ballad Of The Big Machine, quant à lui, porte bien son nom et semble tiré d'un conte de fées, d'une douceur irréelle quasi fantastique, aux bruits saugrenus, qui me fait penser à mon film préféré The 10th Kingdom. C'est sur ce cinquième titre qu'Émilie chante enfin quelques paroles en français, égarées au milieu de l'anglais. Le titre The Cycle apparaît ensuite comme un chant chinois occidentalisé, offrant des réminiscences de la pop des années 70, le mélange est remarquable, inédit et donne envie d'évasion.




On remarque parfaitement le changement opéré par l'artiste durant son exil à New York, sans repère, avec Closer, une ballade dansante et pop, presque charnelle, sensuelle. Émilie Simon semble s'être libérée aux États-Unis et cela fait un bien fou. L'album est moins sombre que les précédents, plus exquis et gracieusement enjoué. Arrive alors l'un des titres les plus remarquables de cet album, The Devil At My Door, loin de laisser de glace, à la composition parfaite, méritant simplement plus qu'un simple succès d'estime. Féline des cabarets de Broadway, Émilie nous livre tout un pan de culture américaine sur le transcendant Rocket To The Moon (co-écrit avec Teitur), pour revenir ensuite sur des chemins beaucoup plus familiers avec la comptine Fools Like Us qui commence dans sa langue natale. Les deux derniers morceaux, The Way I See You et This Is Your World, ne sont pas en reste de surprises et ils ferment grandement l'album. Si l'on croit d'abord se trouver en terrain connu avec ces titres, c'est pour mieux se tromper quand survient leur impensable métamorphose. A découvrir sans plus attendre... 


C'est déjà la fin de l'album, de ces douze titres merveilleux qui m'ont rendus encore plus fan que je ne l'étais. Il faut accepter le changement, Émilie Simon l'a bien compris avec ce disque aux multiples facettes, joliment léché, subtilement complexe, épineusement doux, et pourtant si facilement accessible. Les albums devraient tous être un peu comme celui-là, un album qui peut faire voir la vie en rose. La reine de l'électro est bel et bien de retour pour nous happer sans remords dans les rouages de sa big machine. Et je reviendrai vite avec un nouvel interview de l'artiste, car Émilie Simon est clairement une artiste de la City.

Artiste : Emilie Simon
Album : The Big Machine
Label : Barclay / Universal
Sortie : Déjà dans les bacs
Website :
http://emiliesimon.artistes.universalmusic.fr/
Myspace : http://www.myspace.com/emiliesimonmusic

Publié dans Albums

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E
<br /> Je vais te dire une chose.<br /> Quand The Big Machine est sorti, j'étais dégoutée. Je me suis vraiment attachée à l'univers de ces anciens albums. Bref, ce fut un choc : un vrai !<br /> Tu m'as aidé à voir The Big Machine autrement et à m'ouvrir l'esprit sur celui-ci.<br /> Si un jour je vais à New-York, j'écouterais cet album en boucle.<br /> Je suis vraiment contente que tu m'es répondu.<br /> <br /> à la prochaine :)<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Un article sur The Big Machine très complet.<br /> Je fais le même sur Vegetal les doigts dans le nez. >p<br /> Nan, vraiment. Un super article sur Emilie, j'aime beaucoup.<br /> Bravo à toi.<br /> Je garde ton blog dans ma boite secrète.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Merci ;) ça fait très plaisir à lire. Je m'aperçois en fait ces derniers temps que j'ai plusieurs lecteurs qui suivent mes écrits, alors que vu mes diverses activités, je n'ai plus le temps de<br /> mettre à jour ce blog. Mais un tel commentaire me donne envie de m'y remettre car après tout, c'est ici que j'ai le plus de liberté.<br /> <br /> <br /> <br />