JEAN-MICHEL JARRE // Universel

Publié le par Lex

L'homme aux 80 millions d'albums vendus dans le monde a entamé début 2009 sa toute première tournée mondiale, avec plus de cent dates. Occasion rare d'assister à une démonstration de son talent en live, Jean-Michel Jarre sera de retour en France en mars 2010 pour huit dates privilégiées : Paris, Lyon, Strasbourg, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Nice et Marseille. Rencontre avec l'un des pionniers de l'électro, un homme dont le destin a révolutionné la musique.


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Comment vivez-vous cette grande tournée mondiale qui a déjà commencé ?

C'était un rêve que j'avais depuis longtemps de transporter mon expérience et la magie des concerts en extérieur dans des espaces un peu plus contrôlés. Souvent, lorsqu'on est à l'extérieur, il y a les problèmes d'intempéries qui peuvent empêcher de contrôler les choses à 100% sur le plan du son et de la scénographie même. Il y a aussi des gens qui font des centaines, voire des milliers de kilomètres pour me voir sur certains concerts, je trouvais donc normal de leur "rendre la politesse" et de venir chez eux pour une fois. Je vis cette tournée, itinérante par définition, dans des conditions de proximité assez différentes. J'essaye de plonger les gens dans une sorte d'immersion totale, et dans le son et dans tout ce qui est visuel et scénographique. L'idée est de faire que chaque concert soit différent. C'est vrai que cette tournée a commencé en mai où j'ai fait tout le nord de l'Europe, l'Angleterre, la Scandinavie, la Hollande et la seconde partie est en 2010. Pour moi cette première partie en mai était un peu comme un tour de chauffe où j'ai pu ajuster certaines choses et aujourd'hui, je transforme encore le tracklisting des morceaux et la scénographie. Le projet va s'étaler sur tout 2010 et progressera de parties en parties. Je vais donc parcourir le reste de l'Europe et la France en mars 2010, ensuite les États-Unis, puis l'Amérique du Sud en septembre, et enfin l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Asie fin 2010.


Qu'entendez-vous quand vous parlez d'espaces plus contrôlés ?

Pour la plupart, ce seront des salles couvertes, sauf quelques-unes mythiques comme le Hollywood Bowl aux États-Unis qui seront à moitié ouvertes. Mais dans tous les cas, la scène sera couverte afin de mieux contrôler ce que nous ferons. Approcher les salles en fonction de leur architecture est à la fois un challenge et quelque chose qui m'intéresse énormément. J'ai un système de son nouveau, qui le sera d'ailleurs totalement pour 2010 car je ne l'avais pas tout à fait terminé pour le début de la tournée cette année. Il s'agit d'un son qui donne vraiment une impression d'enveloppement total et qui a pour particularité d'être invisible car quand on rentre dans la salle, on ne le voit pas. Il est en fait caché dans les fauteuils. C'est un son assez incroyable et je pense faire quelque chose d'assez particulier pour la date à Marseille.


L'écologie vue de l'espace


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Vous allez jouer dans pas moins de huit villes en France l'an prochain. Qu'est-ce que cela vous fait de revenir jouer ici, notamment à Lyon ?

C'est un peu comme revenir dans sa famille, que ce soit à Lyon ou partout ailleurs en France. A la fois les gens vous aiment bien mais les relations sont aussi toujours beaucoup plus compliquées avec sa famille qu'avec les autres. La famille est toujours plus exigeante et nous perçoit souvent différemment que l'extérieur. En France, il y a toujours ce décalage par rapport aux artistes qui ont une carrière internationale, c'est-à-dire que les gens ont l'impression, lorsqu'on part à l'extérieur, qu'on est pas là, qu'on existe pas, qu'on a plus d'actualité alors que ce n'est pas le cas. C'est typiquement français.


Qu'avez-vous prévu visuellement pour le reste de votre tournée mondiale baptisée 2010 ?

Le thème de la tournée est lié à plusieurs choses. C'est d'abord l'année pendant laquelle la tournée a lieu, mais indépendamment de cela, c'est l'idée de l'écologie vue de l'espace. Le contexte est tout à fait lié à la planète d'un point de vue environnemental et écologique, car je me suis toujours impliqué dans ces thèmes depuis Oxygène et cela m'a toujours inspiré, et à l'espace, car lorsque j'ai commencé ma carrière, il y avait un certain élan à la fois épique et romanesque vis-à-vis de ce thème. De nombreux films de science-fiction et des événements comme le premier pas de l'homme sur la Lune entretenaient une vision du futur et un espoir assez dynamiques à l'époque. J'ai l'impression que cette vision a été laissée derrière nous, qu'elle s'est considérablement rétrécie car aujourd'hui, lorsqu'on parle du futur, on se demande comment on va trier nos poubelles pour survivre sur la planète. On place beaucoup moins la planète dans son contexte astronomique et spatial. C'est donc intéressant de replacer la planète dans ce contexte, musicalement et visuellement parlant. Cela va se traduire par des effets lumineux et scénographiques en trois dimensions totalement inédits, des lasers et des vidéos qui envelopperont les spectateurs.


Sur les six mois qui viennent de s'écouler, avez-vous déjà un pire et un meilleur souvenir ?

Nous sommes quatre sur scène entourés de soixante à soixante-dix claviers, certains très anciens et mythiques, d'autres très actuels et même des prototypes. Les concerts de cette tournée font la part belle aux musiques live avec des instruments qui n'ont pas nécessairement été développés pour la scène. Toutes sortes d'accidents ou de problèmes peuvent donc arriver à n'importe quel moment. Un soir en Angleterre, à Manchester, un de mes synthés s'est bloqué et est parti en vrille. Je n'arrivais plus à l'arrêter, j'ai dû l'éteindre et le rallumer. Les gens se sont mis à applaudir et à nous encourager. C'est cela mon pire souvenir, qui n'est pas forcément catastrophique, car même si cela donne des sueurs froides sur scène, cela crée aussi une complicité avec le public car cela ramène le processus créatif à ce qu'il est, c'est-à-dire à de l'inattendu et donc à de l'intéressant. Ce qui revient à dire que c'est également mon meilleur souvenir (rires).

Publié dans Interviews

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